Conseil Métropolitain du 13 décembre 2018

                                Intervention de Marie-Arlette CARLOTTI

 

Le drame du 5 novembre restera dans la mémoire collective des Marseillais comme l’incendie des Nouvelles Galerie en 1938, avec la même force.

Aujourd’hui, Marseille pleure 8 morts (et récemment une dame est également décédée), des centaines de sinistrés, 1500 personnes sans logement et qui ont tout perdu. Et nous craignons que la situation ne s’aggrave.

Les sinistrés sont contraints de se rendre à la cellule d’urgence de la rue Bauveau  qui, malgré la bonne volonté des agents (et je veux leur rendre hommage) est dépassée. Les services ne suivent pas.

Vous faites des propositions pour améliorer cet accueil, nous en prenons acte et attendons la suite.

Par ailleurs le Ministre du logement, consterné par la situation de Marseille, a dû mettre en place une MOUS et mandater SOLIHA Provence afin d’assurer l’accueil, le diagnostic et l’accompagnement des sinistrés au relogement.

Parce que lorsque les collectivités locales sont défaillantes, c’est à l’Etat doit reprendre la main.

Mes chers collègues, Maires et élus des communes voisines, savez-vous ce qui se passe à Marseille, dans la 2ème ville de France ?

Nous vivons le drame du mal-logement. Le résultat d’une politique laxiste, insuffisante. Le résultat d’une négligence.

Madame la Présidente, vous êtres co-responsable de cette politique, vous comme tous ceux de votre majorité. Vous aviez tous les moyens pour agir pace que vous êtes aux commandes de toutes les collectivités territoriales. Et vous n’avez rien fait !

Et le pire, c’est que jour après jour, au fur et à mesure des investigations de la presse, on découvre que des marchants de sommeil, ces voyous qui exploitent la misère,  se trouvent parmi les élus de votre majorité.

Allons nous en découvrir d’autres ? Si oui, qu’ils se dénoncent et quittent nos rangs.

Ils contribuent au discrédit du politique, à la perte de confiance dans l’action politique. Et quelques soient les décisions que nous prendrons aujourd’hui, il leur font perdre toute crédibilité. Je vous demande la plus grande intransigeance à leur égard.

Je relisais votre lettre de candidature du 5 septembre (2 mois seulement avant le drame). Pas une seule ligne, pas un seul mot sur le logement, tellement que vous n’aviez pas conscience qu’avoir un toit digne sur sa tête était la première des préoccupations de nos concitoyens.

Depuis, vous vous êtes ressaisie et avez annoncé à la presse un Plan, qui, avec 600 millions d’euros, pouvait paraître massif, bien que très incomplet et imprécis.

Aujourd’hui vous nous présentez 3 délibérations qui se veulent un Plan d’Action. Il faut bien reconnaître que la «  montagne accouche d’une sourie ».

Nous touchons du doigt l’immense décalage entre vos annonces à la presse et le contenu de vos propositions.

Sur la délibération 390, j’y reviendrai puisque nous avons déposé un amendement (pour garantir la construction de logements sociaux aux loyers accessibles pour les familles modestes dans le quartier Noailles, le droit au retour après réhabilitation des bâtiments  et la caution de la Métropole pour accompagner les petits propriétaires dans la réalisation de leurs travaux).

La 391 se limite à prendre acte de la délibération de l’ANAH du 28 octobre et à s’engager à mobiliser ces dispositifs. Heureusement, ça va de soit !

Dans la délibération 392 vous proposez une aide exceptionnelle accordée aux ménages via la CAF et c’est très bien.

Certains ici on trouvé cette aide un peu courte. Mais peut-être allez vous la compléter par une aide du Conseil Départemental et y affecter, en plus, 1million 800 mille euros, montant de la subvention que vous vouliez attribuer à la rénovation des vestiaires du Cercle des nageurs. Et  que vous avez du retirer après que ma collègue Michèle Rubirola l’ait dénoncé.

Attention, si vous n’y prenez garde, on va finir par vous appeler «  la Présidente des riches » !

Madame la Présidente, ce qui manque dans vos propositions, c’est le diagnostic. C’est à dire, la possibilité d’établir une liste complète des immeubles à traiter, commune par commune.

Si on ne sait pas combien il y a de d’immeubles indignes, on sait qu’il y en a plus de 100 à traiter d’ici 2012 et plus de 250 à traiter dans les 4 prochaines années comme le signale la délibération 390.

Nous attendons un Observatoire de l’insalubrité rassemblant l’Etat et toutes les collectivités locales. Un vrai outil capable de poser des diagnostics, fixer des priorités et proposer des solutions adaptées à la situation de chaque famille.

Certes dans ce cas là, c’est l’Etat qui «  reprend la main ». Mais face à l’incurie locale c’est à un retour de l’Etat de droit dont nous avons le plus besoin à Marseille.

Enfin, une attention toute particulière doit être apportée à l’élaboration du prochain PLH. Parce que c’est le document d’orientation qui fixe, pour plusieurs années, les objectifs en matière de logement, nous devrons programmer des actions de résorptionde l’habitat insalubre et la construction de logements sociaux, accessibles aux familles modestes dans toutes nos communes métropolitaines.

L’objectif étant le respect de la Loi : 25% de logement sociaux dans les communes dont 30% de PLAI.

Nous souhaitons qu’à Marseille nous nous fixions l’objectif de 25% de logements sociaux par arrondissement.

La concertation  qui a commencée doit désormais prendre en compte le drame du 5 novembre et associer les familles des victimes et les collectifs citoyens dans une co-construction du prochain PLH. On ne peut pas voter un PLH comme si rein ne s ‘était passé.

Madame le Présidente, nous allons voter vos rapports mais vous aurez compris que nous attendons beaucoup plus. Le compte n’y est pas !

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